Les fermetures de classes ne passent pas !
Partager

 

Manifestation de parents d'élèves à La Chapelle Antenaise.
Manifestation de parents d’élèves à La Chapelle Antenaise.

Le Conseil Départemental de l’Education Nationale (CDEN) était réuni ce 28 mars pour examiner les propositions de la Directrice Académique des services de l’éducation nationale  à propos de la carte scolaire pour la rentrée 2013/2014. Globalement : 16 fermetures de classes, 10,5 ouvertures, 4 postes pour le dispositif « plus de maitres que de classes », 2 pour le dispositif d’accueil des moins de trois ans et 3 postes hors classe (référent handicapés, décharge des maitres formateurs). Ces propositions rompent avec les suppressions de postes du règne sarkozyste, 54 en 4 ans, mais elles restent encore trop faibles pour donner un avenir aux écoles publiques de plusieurs communes du département.

Il ne donne certes qu’un avis consultatif, mais le CDEN n’a pas accepté ce projet de carte scolaire. Seul Daniel Lenoir, le conseiller général de Villaines la Juhel, a voté Pour ! Les trois représentants syndicaux de l’UNSA ont voté Contre, et tous les autres (parents d’élèves, syndicats FO, FSU, SGEN, élus locaux) se sont abstenus pour montrer leur volonté d’améliorer les propositions. La Directrice Académique a indiqué que l’affectation de 4 ou 5 postes seraient précisées à la rentrée suivant l’évolution des situations problématiques.
Michel Perrier, représentant de la région Pays de la Loire au CDEN, a fait la déclaration suivante :

Nous ne pouvons donner un avis sur la nouvelle carte scolaire en Mayenne sans aborder le contexte général.  Il y a en effet  un nouveau gouvernement, et chacun peut constater que la rentrée ne se prépare plus avec les mêmes difficultés… Pour un nombre d’élèves mayennais relativement stable, il y a des créations de postes (8,5) ! C’est un changement d’orientation notable par rapport aux années antérieures où les suppressions succédaient aux suppressions…

En proposant une « refondation de l’éducation », le nouveau gouvernement a mis la barre très haut. Là, justement, où elle doit être placée.

Je suis convaincu, en effet, que l’on ne peut plus se contenter de réparer un « système éducatif » qui paraît souvent à bout de souffle, mais qu’il est temps de le « refonder » sur de nouvelles valeurs. En lieu et place de la sélection par l’échec dans un système individualiste, recherchons la réussite de tous par une pédagogie résolument coopérative. Contre une évaluation qui classe, développons une évaluation qui valorise et encourage le dépassement de soi. À côté des savoirs disciplinaires nécessaires,  affirmons l’importance de l’éducation artistique et culturelle, de l’éducation à l’environnement, à la santé, à la citoyenneté. Pour lutter contre l’anonymat, l’indifférence et la violence, des unités pédagogiques à taille humaine dans des établissements éco-responsables sont indispensables. Pour combattre le consumérisme scolaire et le découragement des enseignants, une autre gestion de l’institution, qui rompe avec la concurrence libérale qui gangrène l’école, est possible…

Je suis aussi convaincu que ce n’est pas seulement l’école qu’il faut refonder, mais bien l’éducation, dans toutes ses composantes. Le soutien aux familles les plus défavorisées, l’aménagement de la ville pour que l’enfant y ait toute sa place, la relance de l’éducation populaire et de la formation tout au long de la vie, le rôle éducatif des médias, la lutte contre l’immédiateté pulsionnelle promue par les machineries publicitaires et technologiques. L’éducation doit permette à l’enfant de grandir sereinement, de découvrir le monde et d’apprendre à s’y comporter en citoyen plus qu’en consommateur. C’est toute la société qui doit se mobiliser pour garantir le premier des droits de l’enfant : le droit à l’éducation.

Au regard de ces ambitions, la loi sur « la refondation de l’éducation » et les premiers moyens accordés ne sont que des premiers pas. Beaucoup de travail reste à faire !

Un seul exemple pour notre département. Il n’est sûrement pas isolé, comme l’a montré la belle mobilisation des parents hier. J’ai été sollicité par les parents d’élèves de l’école Ionesco de la Chapelle Anthenaise. Il y a simplement quelques mois, à la rentrée 2012, cette école était honorée par Monsieur le Recteur, Madame la Directrice Académique, pour la progression générale des résultats aux évaluations nationales, la stabilité et le dynamisme de l’équipe enseignante, …

Et sans aucune information préalable, alors que la charte sur les services publics en milieu rural prévoit un délai de deux ans,  vous décidez aujourd’hui de supprimer une classe ! C’est d’autant plus inacceptable que la situation démographique de la commune a une particularité, l’année 2010 a connu un nombre de naissances faible mais la moyenne des cinq dernières années est plus du double ! En outre, un nouveau lotissement communal de 39 parcelles est en cours de construction, et près de la moitié sont déjà vendues…

Cette situation locale mérite considération. L’éclatement brutal de l’équipe pédagogique, dans une école moyenne de ce type, va avoir des conséquences incalculables tant sur la pédagogie, que sur les activités scolaires et périscolaires. Il devrait pourtant être naturel d’accorder aujourd’hui un délai d’un an à cette école, et selon les chiffres d’effectifs 2014, de confirmer ou d’infirmer la fermeture prévue. Pour une commune dynamique, qui se développe dans la seconde couronne lavalloise, ce sursis serait le symbole d’un changement de gestion dans le département.

Par rapport aux années antérieures, il y a du mieux dans l’importance accordée à l’école et dans la carte scolaire 2013/2014. Mais celle-ci peut encore être améliorée. C’est une demande partagée par de nombreux parents, enseignants et élus de différentes obédiences. J’ose encore espérer que vous les écouterez attentivement et que vous répondrez positivement.