Retour sur les résultats des élections régionales en Mayenne
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L’abstention a été la grande «gagnante» de ces élections : 68,09 % au 1er tour, 67,17% au second ! En 2015, ces chiffres étaient déjà importants (52,10 % et 44,54%), mais cette année il n’y a même pas eu ce sursaut du 2ᵉ tour, au contraire. L’abstention massive, à laquelle il faudrait aussi ajouter les blancs et les nuls (2% des inscrits environ), est un défi démocratique pour tous les partis et candidats qui nécessiterait des réponses adaptées. Le scandale de la non-diffusion des professions de foi, et le double scrutin avec des enjeux et des modalités différents ont accentué le phénomène mais ne l’expliquent pas.

Premier tour

Avant toute analyse, un rappel des résultats 2021 comparés à ceux de 2015 (en pourcentage des exprimés) dans notre département :

Guillaume Garot est largement en tête, il progresse nettement en pourcentage par rapport aux listes socialiste et communiste de 2015. Sa notoriété (député depuis 2007, maire de Laval de 2008 à 2012, ministre délégué de 2012 à 2014…) et sa popularité ont sans nul doute permis ce très bon résultat mayennais. Mais dans tous les autres départements de la Région, le socialiste est en baisse parfois importante (au total 16,31 % à comparer aux 29,08% des listes socialiste et communiste en 2015).

Les listes de droite sont, elles, en baisse, et la liste du Rassemblement National chute de moitié. En Marche n’existait pas, mais son résultat est faible dans un département marqué par la présence tutélaire de Jean Arthuis.

Les écologistes sont en légère progression dans le département. Cette petite hausse est très hétérogène, nous le verrons, alors que dans l’ensemble de la Région, Matthieu Orphelin obtient 18,70 % soit plus du double du résultat de la liste de Sophie Bringuy en 2015 (7,82%).

Il faut constater d’ailleurs que nous sommes le département de la région où le vote écologiste est le plus bas (13% en Vendée, 15 % en Sarthe et plus de 22 % en Maine et Loire et Loire Atlantique).

Écologistes des villes en berne, écologistes des champs en hausse

Les résultats du premier tour par commune

À Laval, avec 9,66 % des voix exprimés, les écologistes font moins que leur moyenne départementale (10,02 %), c’était le contraire en 2015 ! Les commentateurs qui ne voient des écologistes que dans les grandes villes ne relèveront pas…

C’est une conséquence du spectaculaire résultat de Guillaume Garot à Laval (46,97 %). Il l’obtient aussi dans plusieurs villes de sa circonscription, dirigées par la droite, comme Villaines-la-Juhel (48,09 %), Louverné (47,62 %), Pré-en-Pail (47,57 %), L’Huisserie (45,79 %), Bonchamp (45,30 %), Évron (40,93 %) ou encore Saint-Berthevin (40,78 %), ce qui rend évidemment difficile toute interprétation strictement politique.

Les écologistes arrivent néanmoins en tête dans deux communes mayennaises : Saint-Erblon (30,30 %) et Bourgon (28,70 %). Leur meilleur résultat est à Montflours (33,33 %), et ils atteignent plus de 20 % dans neuf autres communes : Bouère, Congrier, Lévaré, Ménil, Montreuil-Poulay, Pommerieux, St Pierre sur Erve, et symboliquement à St Fraimbault de Prières et Javron-les-Chapelles dont deux candidats sont conseillers municipaux (Joël Gernot et Solène Mesnager). L’occasion de souligner qu’en Mayenne, les écologistes n’ont pas hésité à promouvoir des candidats issus du monde rural, et que cela leur a plutôt bien réussi !

La carte que nous publions montrent bien cette implantation dans des territoires ruraux (l’ancien pays de Loiron, le sud de la communauté de communes d’Ernée, le sud du département) beaucoup plus verte que Laval et sa périphérie.

À noter aussi l’augmentation significative à Château-Gontier-sur-Mayenne (12,84 % contre 6,87% en 2015). Là encore, la présence de candidats (Marion Agaesse et Grégory Boisseau), élus municipaux minoritaires de cette commune, a sûrement eu une influence positive. Précisons qu’ils ne sont pas des membres d’EÉLV ou d’une autre organisation politique soutenant la liste. Idem à Mayenne, où le score écologiste progresse de 7,06 % à 13,02 % avec une jeune candidate issue de la société civile (Katell Morice).

Second tour

Pour gagner, le rassemblement des écologistes et de la gauche devait créer une dynamique. Il est malheureusement facile de constater que nous n’avons pas réussi, particulièrement en Mayenne.

Ainsi, les résultats de Guillaume Garot et de Matthieu Orphelin ne s’additionnent pas totalement ni en voix ni en pourcentage. Matthieu Orphelin obtient ainsi 26 273 suffrages au second tour, soit une perte de 4 916 voix sur le total de deux listes du 1er tour. En pourcentage, il obtient 37,58 % en Mayenne alors qu’il aurait dû être à plus de 46% si les reports s’étaient effectués correctement (10,02 % + 36,02 %). Une perte de plus de 8 points sur l’ensemble du département !

Les résultats du second tour par commune

Localement, dans plusieurs communes, le score de Matthieu Orphelin au second tour est même inférieur à celui obtenu par le seul Guillaume Garot au 1er tour. L’exemple le plus criant est sans doute la ville d’ Évron (751 voix et 40,93 % au 1er tour pour Garot, 637 voix et 33,79 % pour la liste fusionnée au second), mais il y en a d’autres y compris dans l’Agglo lavalloise comme à Bonchamp (45,30 % pour Garot, 43,21 % pour la liste fusionnée).

Les explications peuvent être multiples : refus du leadership écologiste par une partie de l’électorat de Guillaume Garot voire par certains socialistes, présence de la LFI, démotivation de mayennais qui souhaitaient un Président de Région issu du département, démobilisation due à l’absence d’enjeux dans plusieurs cantons au second tour…

À noter que dans les autres départements de la Région pourtant, le cumul des voix de Matthieu Orphelin et de Guillaume Garot s’effectue normalement. Ce non-report significatif est une spécificité mayennaise.

Au contraire, la droite autour de Christelle Morançais a su mobiliser ses électeurs. Elle obtient 47,09% (plus 16 points par rapport au 1er tour), et 32 926 voix (soit plus de 11 800 suffrages supplémentaires). Elle bénéficie certes du bon report des électeurs de Debout la France (1 772 voix), et d’une partie des baisses d’Hervé Juvin (moins 563 voix) et de François de Rugy (moins 914 voix), Mais ces reports n’expliquent que marginalement cette hausse spectaculaire qui provient majoritairement d’électeurs abstentionnistes du premier tour.

La carte des résultats du second tour montre bien des territoires sensibles au rassemblement des écologistes et de la gauche : Laval, une partie de la deuxième couronne de l’Agglo, l’ex-pays de Loiron, la ville de Mayenne notamment.

Dans plusieurs communes, la liste fusionnée des écologistes et de la gauche est majoritaire à elle seule. Elle atteint même 78,67 % à Montflours, 61,63 % à Port Brillet, 55,40 % à Saint-Jean-sur-Mayenne, et plus de 50 % à Olivet, Montreuil Poulay, Crennes sur Fraubée, Neau, Saint-Pierre-sur-Erve, Châlons-du-Maine, Louvigné et Laval. La nouvelle majorité municipale de cette ville, à gauche et avec les écologistes, semble bien installée.

La liste fusionnée arrive aussi en tête dans des communes gérées par des élus majoritairement de droite comme Andouillé, Argentré, Bais, le Genest-Saint-Isle ou encore Louverné. Des évolutions sont donc possibles dans de nombreuses communes dans les années à venir.

Quelles que soient les difficultés, ces résultats des élections régionales sont porteurs d’avenir pour les écologistes, c’est notre conviction collective. Nous nous ancrons sur les territoires y compris ruraux. Symboliquement, pour la première fois en Pays de la Loire, la liste fusionnée du second tour est conduite par un écologiste et non par un socialiste, mais cette progression est encore trop faible et ne permet pas d’accéder à la gestion de régions. Face aux urgences climatiques, démocratiques et sociales, un nouvel équilibre politique est pourtant indispensable.

Michel Perrier
Co-coordonnateur Europe Écologie – Les Verts en Mayenne

Merci à Florent Durrey pour les cartes.

Une réflexion au sujet de “Retour sur les résultats des élections régionales en Mayenne

  1. Merci à l’analyste MP, toujours affûté et soucieux de s’appuyer sur des chiffres incontournables.
    Sur la seule base de ces éléments, on ne peut que partager les hypothèses avancées, dont il faudra se souvenir, lors des prochains scrutins.
    En revanche, manque ici (mais ce n’était sans doute pas le sujet) l’évaluation des causes vitales de l’échec, en terme d’alliances d’appareils…
    Michel FERRON,
    Militant du Parti socialiste de la Mayenne

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