Retour sur les résultats de la liste conduite par

Yannick JADOT aux élections européennes en Mayenne

Avec ses 13,48 % des exprimés, et 12 députés élus (13 après le Brexit), les résultats de la liste Europe Écologie Les Verts furent une surprise pour nombre de journalistes et commentateurs, y compris localement. Beaucoup de choses ont déjà été dites et écrites, mais il nous a semblé utile d’analyser le résultat dans un département à prédominance rurale comme le nôtre.

13 747 suffrages dans notre département, soit 13,12 % des exprimés (mais seulement 6,19 % des inscrits : il est toujours nécessaire de relativiser les résultats en tenant compte des abstentions et des votes blancs et nuls). Comme au niveau national, les écologistes arrivent donc en 3ème position avec un pourcentage quasi similaire. Ce résultat est légèrement supérieur à ceux obtenus en Sarthe et en Vendée, 12,5%, mais inférieur à ceux en Maine et Loire (15,46 %) et surtout en Loire Atlantique (18,92 %).

Écolos des villes 

À Laval, EÉLV atteint 16,41 %, un très bon résultat, qui soit dit en passant nous oblige pour les municipales, et assez proche d’ailleurs aux villes comparables de la région (Cholet : 15,88 %, La Roche sur Yon : 17,80 %). Dans la première couronne de l’agglo lavalloise, c’est un peu moins bon mais le résultat est encore très significatif : Bonchamp (13,90%)¹, Changé ((15,22 %), Louverné (15,28 %), Saint-Berthevin (14,38 %).

À Mayenne, et c’est nouveau par contre dans cette ville, le résultat est aussi plutôt bon (14,49 %). Et il est encore meilleur dans certaines communes périphériques comme à Saint-Baudelle (17,48%).

Mais dans les autres villes, les résultats sont beaucoup plus bas. À-Château Gontier-sur-Mayenne, 2ème ville du département, le résultat est inférieur à la moyenne départementale (12,99 %). C’est encore pire à Ernée (10,03 %) et surtout à Évron (8,61 %), 4^e ville du département, où le Rassemblement national arrive largement en tête !

Écolos des champs !

La liste conduite par Yannick Jadot arrive en tête dans 4 petites communes (Montflours, Olivet, Saint-Pierre-sur-Erve, Vieuvy) et ex aequo avec celle de Nathalie Loiseau à Mée. Plus significatif que l’ordre d’arrivée, EELV obtient 20 % ou plus dans 11 communes !

Celles-ci sont réparties sur l’ensemble du département : Vieuvy (22,45 %) au Nord, Bourgon (20,77 %) et Olivet (23,72 %) dans l’Ouest, Montflours (29,70%) et Sacé (20,11%) au centre-nord, Ahuillé (20,75 %), Montigné le Brillant (22,22%), et Parné sur Roc (20,59%) au centre-sud, St Pierre sur Erve (33,82 %, le meilleur résultat) à l’est, Mée (25,37 %) et Pommerieux (20%) dans le sud.

Trois autres communes sont très près des 20 % : Saint-Germain-le-Guillaume ( 19,76 %), Saint-Jean-sur-Mayenne ( 19,71 % ) et Préaux (19,35 %)

On notera que la plupart de ces communes sont très rurales, sur les 14 à enregistrer plus de 19 % seules 3 dépassent les 1000 habitants (Ahuillé, Montigné le Brillant, et St Jean sur Mayenne), aucune ne dépasse les 2000 habitants. Cela conforte l’analyse de Maël Rannou après les élections régionales de 2015 : « les territoires ruraux ne rejettent pas les écologistes »²

Des territoires bien verts

La carte que nous avons établie est très illustrative, Yannick Jadot et Europe Écologie Les Verts font des scores élevés dans un vaste territoire qui va de St Hilaire du Maine (15,54 %) et Commer (16,18 %) au nord à Courbeveille (17,65 %) et Parné-sur-Roc au sud. En gros : l’ex-Laval Agglomération, une grande partie de l’ex-Pays de Loiron, le sud du pays de l’Ernée, … soit l’ensemble du bassin de vie de Laval.

D’autres zones vertes apparaissent : Mayenne et ses alentours proches, Saint-Pierre-des-Nids avec Boulay-les-Ifs et Ravigny au nord, de Pommerieux à Chatelain au sud, …

Ces résultats ne viennent pas de rien : il y a eu des fortes mobilisations associatives (comme par exemple contre la ligne THT, ou la réouverture de mines…) et nous n’oublions pas l’implication volontariste et courageuse d’élus écologistes ou proches dans plusieurs de ces communes. Nous osons espérer d’ailleurs que dans ces territoires, de nombreux citoyens franchissent le pas politique et accepte de s’engager dans les prochaines élections municipales. Il est urgent d’agir pour le climat, et de nombreuses actions locales sont possibles.

Un rempart à l’extrème-droite ?

Dans son étude La Mayenne : terre de l’extrême droite ? (point-com du 27/05/2019, pas encore en ligne), le CEAS fait un constat qui nous interpelle : le Rassemblement national fait ses plus mauvais résultats dans 3 communes (Vieuvy : 10,20 %, St Pierre sur Erve : 8,82%, Montflours : 5,94%) où les écologistes arrivent en tête ! Il conclut, sous une forme interrogative, que l’écologie est un rempart contre l’extrême droite.

Certes, les positions des écologistes sont à l’opposé de ceux des lepénistes tant sur l’accueil des réfugiés que sur les éoliennes pour prendre ces exemples d’actualité. Ce sont clairement des orientations alternatives. Lorsqu’existent du lien social, des projets écologistes et solidaires, un territoire vivant, … les lepénistes ont plus de mal à infuser leurs idées d’exclusion.

Pour prendre un seul exemple, à Montflours, le projet en cours de réalisation de Zone Artisanale réversible permettra de créer des emplois localement, et d’attirer (encore plus) des jeunes. C’est une première en France, qui prend totalement en compte les enjeux environnementaux.

Un vote pour le climat et l’avenir

Toutes les enquêtes nationales d’après vote l’ont mis en avant : les jeunes ont voté pour Yannick Jadot. Selon les estimations d’IPSOS, EÉLV obtiendrait ainsi 25 % dans la tranche 18/24 ans, 28 % dans la tranche 25/34ans.

C’est aussi le cas en Mayenne. De nombreux jeunes, souvent mineurs, ont participé aux différentes mobilisations locales pour le climat à Laval et Mayenne notamment. Clairement, ces mobilisations citoyennes se sont traduites dans les urnes. Le Courrier de la Mayenne, dans son édition du 6 juin, a publié une interview d’un jeune (Tom Bouttier-Lochu, de Chatillon-sur-Colmont), qui est très éclairante à ce sujet. : « Il faut que ça bouge ! »³.

Il serait bien présomptueux de considérer que le résultat des élections européennes préjuge de la suite. Les élections municipales, notamment, sont bien différentes. Quant aux intercommunalités, dont les compétences s’accroissent régulièrement, elles n’ont même pas encore d’élection directe ! Imaginons une élection à la proportionnelle sur le territoire de Laval Agglomération, les enjeux seraient bien plus clairs et les écologistes pourraient plus facilement obtenir un rôle important et positif.

Quoi qu’il en soit, les écologistes sortent renforcés par les résultats de ces élections européennes. Il devient possible d’envisager sereinement, au delà de certaines postures politiciennes, des larges rassemblements locaux qui mettront au cœur de leur campagne, une véritable transition écologique, axée notamment sur la lutte contre le changement climatique et sur la réduction des inégalités sociales et environnementales.