L’État soutient une entreprise ayant pollué en toute connaissance de cause
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Le Collectif de surveillance « PCB 53 » participait au Coderst qui s’est réuni le 26 juin 2014 à la Préfecture de la Mayenne et qui a notamment abordé  le cas de l’usine Aprochim.

A l’issue de la réunion il a diffusé le communiqué suivant :

Jeudi 26 juin 2014, la préfecture de la Mayenne a présenté pour avis un nouvel arrêté d’encadrement de la société APROCHIM censé accompagner la levée de la mise en demeure.
Pour la préfecture, cette levée se justifie par le fait que « depuis l’automne 2013, toutes les mesures réalisées à la cheminée principale respectent les valeurs limites fixées par l’arrêté préfectoral du 12 avril 2012 tant en concentration qu’en flux (communiqué de presse préfectoral)» . En omettant de préciser que ces mesures n’avaient été effectuées que sur une très faible production, le préfet s’est discrédité devant les membres du CODERST.
En effet, si le CODERST a semblé à une voix près (8 contre 7) avaliser ce nouvel arrêté, cela masque mal une victoire en trompe l’oeil puisque 6 des 8 voix favorables à ce projet émanent… des services de l’Etat lui-même. Hors l’Etat, ce sont donc 7 voix contre deux qui ont refusé ce projet d’arrêté. La société civile mayennaise n’est plus dupe de la coupable complaisance qu’entretient la préfecture avec la société APROCHIM.
Au terme de plus d’un an et demi de mise en demeure (décidée du fait de dépassements constatés à une production de 73 T et 78T par semaine), la préfecture autorise une production à 75 T/semaine alors même que les modifications avancées par APROCHIM n’ont été testées que pour une production moyenne de 50T. Pire, lorsque l’entreprise a tenté d’augmenter sa production (en janvier 2013 à 102T et en juillet 2013 à 73T) l’entreprise n’ a pas su respecter ses normes de rejets. Si l’Etat n’a pas osé valider 8 mesures à vide… il n’a pas hésité à le faire en sous production caractérisée.
A cette manipulation des chiffres s’ajoute une dégradation du plan de surveillance de l’entreprise que le collectif PCB53 ne peut accepter. Depuis 3 ans et demi des mesures mensuelles sont effectuées sur les herbages autour de l’entreprise été comme hiver. Elles ont pour objet de protéger les éleveurs riverains
en caractérisant la qualité des fourrages mais aussi et surtout de suivre l’évolution concrète de la pollution de l’environnement.
Depuis leur instauration ces mesures révèlent une forte pollution dans une zone d’environ 500m autour de l’entreprise et des fluctuations notables de la contamination dans un rayon de plus de 3000m. Cela est particulièrement vrai l’hiver lorsque les rejets d’APROCHIM s’ajoutent à des apports domestiques émanant essentiellement du chauffage. Ces apports étant bien antérieurs à l’arrivée d’APROCHIM et les habitants ne pouvant arrêter de se chauffer, il est de la responsabilité d’APROCHIM de faire en sorte que ses rejets soient compatibles avec cette situation hivernale moins favorable pour elle.
Pour résoudre ce problème… l’arrêté propose cyniquement de supprimer purement et simplement les mesures hivernales. Plus grave cela ouvre une large période où il sera désormais possible pour l’entreprise d’effectuer des délestages dans l’environnement sans que cela ne puisse être détecté. C’est en effet, grâce à ces mesures que nous avons pu interpeller la préfecture (pas d’explication à ce jour) sur un incident survenu en janvier 2014 et qui s’est traduit par une dégradation significative de l’environnement pendant quelques mois.
L’ensemble du territoire, ses habitants et ses élus, peuvent-ils accepter cette nouvelle prise de risques que leur fait courir la préfecture de part une levée de demeure injustifiée et une dégradation du plan de surveillance ? Assurément non ! Il s’agit là d’actes de pure complaisance envers un industriel dont nous savons aujourd’hui qu’il a pollué le territoire Bouérillon en toute connaissance de cause puisqu’il disposait d’analyses mauvaises sur le lait dès mars 2010 (non communiquées à la préfecture !) alors même que la pollution n’a été révélée qu’en janvier 2011. Il ne s’agit plus d’un accident industriel mais d’une prise de risque délibérée… Une faute grave et inexcusable qui rompt définitivement le contrat de confiance que pouvaient avoir habitants et agriculteurs avec cette société.
A des agriculteurs dont plusieurs fermes sont encore sous séquestre, à des riverains qui ne peuvent toujours pas utiliser normalement leurs jardins, à une terre bocagère et d’élevage contrainte d’abandonner son modèle traditionnel, l’Etat se devait d’être un gendarme vigilant et protecteur. En levant la mise en demeure de façon injustifiée, le préfet s’est interdit toute sanction rapide en cas de nouveaux dépassements. Les victimes des premières pollutions supportent donc à nouveau, seules, l’intégralité du risque industriel.
Contact presse : 06 81 21 52 67

Contact : FE53 – 33 bis, allée du Vieux Saint-Louis – 53000 LAVAL- fd.environnement@gmail.com