Pétroplus, PSA, Goodyear… Notre industrie va mal : et si l’écologie la sauvait ?
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Tribune parue aujourd’hui dans leplus.nouvelobs.com sous les signatures de :

  • Aline Archimbaud, sénatrice EÉLV
  • François de Rugy, député EÉLV
  • Yannick Jadot, député européen EÉLV
  • Christophe Porquier, vice-président EÉLV Region Picardie
  • Jean-Philippe Magnen, porte-parole national EÉLV

Les écologistes ne sont pas les ennemis de l’industrie. Ils en sont même de vrais défenseurs, décidés à valoriser une activité productive qui s’ancre durablement dans les territoires.

 30 ans d’échecs

Le thème de la désindustrialisation fait florès dans le débat politique… mais pour ne se transformer qu’en coups de com’ plus ou moins habiles, où l’hypothétique « baisse du coût du travail » des uns répond au claironnant « made in France » des autres pour rendre plus compétitive l’industrie française…

Ces postulats sont trop simplistes. Ils tentent de masquer les réelles difficultés de l’appareil productif français – un tissu éclaté de PME/PMI [1], la compétitivité intégrant de nombreuses variables, allant de l’innovation à la qualité en passant par les coûts de production la consommation d’énergie ou le coût du foncier.

C’est par ailleurs l’échec complet d’une stratégie qui, depuis 30 ans, a délaissé le tissu industriel au profit des services, pariant seulement sur quelques groupes censés porter les grands contrats, mais qui ont souvent rejoint le cimetière des éléphants de l’isolationnisme français : Concorde, EPR, Rafale, motorisation diesel… Mais avec le contre-exemple tellement éclairant qu’est le modèle européen d’Airbus.

Faute d’une approche européenne, nous regarderons impuissants les restructurations brutales menées dans la sidérurgie et dans l’automobile et nous n’aurons ni les capacités d’innovation, ni les moyens d’investissement, ni les partenariats industriels pour moderniser notre industrie sur une base de durabilité. Des secteurs aussi importants pour le quotidien des citoyens que la rénovation du bâtiment, les transports collectifs et les énergies renouvelables sont pourtant prometteurs en termes d’activité et l’emploi. La France a d’ailleurs dans ces secteurs des entreprises performantes sous-valorisées.

Pour une vision européenne

Si aujourd’hui, le cadre principal des échanges et des concurrences est l’Union européenne, c’est cette perspective qu’il faut adopter sans réserve, en cohérence avec une stratégie nationale à rendre effective sur les territoires… Or nous manquons aujourd’hui des trois : la politique industrielle européenne n’existe pas, la France a retrouvé quelques couleurs de volontarisme mais sans stratégie claire, et le projet actuel de décentralisation ne permet pas aux régions de jouer clairement leurs rôles en direction  des PME sur les territoires.

Pour inventer une nouvelle stratégie industrielle, il faut de plus oser une stratégie de filières compatibles avec les axes du développement durable, car là aussi, le retard accumulé est impressionnant. La France est ainsi au 26e rang européen en matière de fiscalité écologique, chiffre à mettre en relation avec les investissements dans la R&D qui stagnent à environ 2,2% du PIB depuis 20 ans.

Pourtant le chantier de la transition énergétique, le développement d’une économie circulaire économe en ressources et recyclant les matières, les nouveaux besoins en matière de santé… sont des leviers extrêmement puissants pour développer une industrie sur le territoire, avec un potentiel de création de 684.000 emplois [2].

Notre nouveau modèle industriel en 9 points

Les écologistes sont aujourd’hui porteurs d’un nouveau modèle industriel :

  • Une politique territorialisée de soutien aux entreprises, qui passe par les régions pour favoriser le renforcement des PME et la création d’Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI)
  • Une fiscalité juste et écologique, au bénéfice des PME, aujourd’hui défavorisées, pour impulser la reconversion écologique
  • Le soutien à l’innovation technologique, sociale, commerciale, financière…
  • Le soutien à la démocratie sociale et la responsabilité sociale des entreprises
  • L’accompagnement des évolutions professionnelles, notamment par la formation tout au long de la vie vers les nouveaux métiers émergents, notamment dans l’économie verte
  • L’intégration forte de l’économie circulaire (éco-conception, analyse du cycle de vie, recyclage…) dans les choix de développement -la mise en cohérence des mesures fiscales et règlementaires afin de développer les débouchés pour les nouveaux produits plus sobres en énergie et moins polluants
  • La création d’un fonds de reconversion industrielle, non pas pour réparer mais pour anticiper, en assurant clairement aux salariés menacés de licenciement une continuité et une sécurité professionnelles pendant toute la période de reconversion
  • La régulation des échanges commerciaux extra-européens sur la base de critères sociaux et environnementaux, intégrant des mécanismes de compensation.
  • Le lancement d’une stratégie européenne de filières, pour dépasser les égoïsmes nationaux et investir dans l’économie de la transition.

Ce n’est pas la recherche de la croissance perdue qui va permettre de trouver des solutions pour les salariés de PSA, Renault, Goodyear, Sanofi… Les stratégies de défense et maintien de ces emplois sont impératives à court terme, mais il faut également anticiper et donner du sens à notre économie et notre modèle productif.

C’est ce que les écologistes proposent pour impulser une stratégie résolue de relance des investissements, ciblée en termes de filières, européenne et décentralisée. Faisons-le maintenant .

 

Signataires :