En retournant la question du « couac » de jean-Marc Ayrault à Jean-Michel Apathie Cécile Duflot démontre que sa fonction de Ministre ne lui a rien enlevé de son sens de la répartie et elle marque des points dans le monde peu charitable des journalistes politiques.
Avant la vidéo extraits d’un commentaire de Bruno Roger-Petit, chroniqueur du Nouvel Obs
LE PLUS. Interrogée sur RTL au sujet du « couac » éventuel de Jean-Marc Ayrault sur les 35 heures, Cécile Duflot, ministre du Logement, a demandé à son interlocuteur de définir ce qu’est un « couac ». Un échange étonnant qui met à jour le processus qui mène certains journalistes à décider ce qui relève du « couac » ou pas. Analyse de notre chroniqueur Bruno Roger-Petit.
Le renversement du journaliste politique, c’est maintenant.
L’événement a eu lieu sur les antennes de RTL, lorsque la ministre du Logement, Cécile Duflot, a inversé la charge de la preuve du « couac » de Jean-Marc Ayrault au sujet des 35 heures face à l’un des plus éminents représentants de la classe des journalistes politiques, Jean-Michel Aphatie.
Qu’est-ce qu’un « couac » ?
Interrogée ce mercredi sur le point de savoir si les propos de Jean-Marc Ayrault au « Parisien »constituait un « couac », Cécile Duflot, qui qualifie le tohubohu de la veille de « mousse », interpellée à plusieurs reprises par Jean-Michel Aphatie, finit par lui demander en retour « Mais qu’est ce que ça veut dire un « couac » ? »
Et le journaliste, que l’on sait plus habitué à accuser qu’à défendre, car pratiquant plus souvent qu’à son tour le « Yaka » « Faukon », de répondre, après un temps d’hésitation : « C’est une faute politique ».
Ce dialogue appelle deux remarques. La première porte sur la définition du « couac ». Comme d’autres l’ont écrit avant nous, le « couac » est une relativité.
« De quoi « le couac » est-il le nom ? » est une question sans réponse puisqu’elle dépend du système de valeur des uns et des autres. Pour Aphatie, c’est « une faute politique », pour d’autres, ce sera une communication mal maîtrisée, et pour d’autres encore, ce sera une mesure mal appliquée, et ainsi de suite.
« Le couac n’a qu’une existence éphémère. Il n’a pour destin que de s’auto-dissoudre, et tomber dans l’oubli réparateur. On sent bien que la définition du couac est fluctuante, variable, subjective »,écrit Daniel Schneidermann, et nul ne peut lui donner tort.
La seconde remarque découle de la première. Si le « couac » est une donnée « fluctuante, variable et subjective » et qu’il est de bon sens de l’admettre, comment se fait-il que les journalistes politiques les plus en vue, tel Jean-Michel Aphatie, en viennent à s’ériger en gardien du temple du « couac », seul habilité à délivrer à l’action d’un responsable politique le label « couac » ? De quel droit ? Au nom de quelle légitimité ?